Présentation de la maladie : Dermatite Atopique
La dermatite atopique (DA) appelée aussi eczéma atopique est une maladie de la peau complexe, chronique et récidivante, caractérisée par une inflammation sous-jacente de type 2. Elle apparaît souvent dans des familles avec des maladies atopiques (DA, allergies alimentaires, asthme bronchique ou rhinoconjonctivite allergique), mais des données récentes suggèrent qu'il s'agit d'une maladie systémique. Avec une prévalence de 4 % chez les jeunes adultes et jusqu'à 15 % chez les enfants, la DA est l'une des maladies de peau les plus courantes. La DA modérée à sévère est très symptomatique et peut représenter un lourd fardeau multidimensionnel pour les patients.
Le prurit fréquent et intense et la perte de sommeil sont les symptômes les plus reconnus et les plus lourds de conséquences, contribuant à réduire la qualité de vie et à détériorer l'état psychologique et l'état de santé général des patients.
Les options thérapeutiques sont encore limitées pour les adultes et les enfants atteints de DA modérée à sévère non contrôlée par les traitements topiques et/ou systémiques actuellement approuvés. L'utilisation à long terme d'immunosuppresseurs systémiques comme la ciclosporine A (le seul médicament autorisé en France jusqu'en 2019) n'est pas recommandée en raison de profils bénéfices-risques défavorables. Malgré la prévalence et le fardeau élevé de la DA, l'utilisation d'immunomodulateurs systémiques pour traiter la DA reste étonnamment faible chez les patients modérés à sévères.
Le dupilumab, un inhibiteur de l'Interleukine-4Rα (IL4Rα), a été le premier médicament biologique autorisé en France pour les patients atteints de maladies inflammatoires de type 2, dont la DA, l'asthme et la rhinosinusite chronique avec polypes nasaux. Depuis septembre 2022, le Tralokinumab, un inhibiteur de l'interleukine 13 (IL13) est également sur le marché.
La DA reste une maladie complexe impliquant de multiples facteurs combinatoires et se caractérise par des tableaux cliniques hétérogènes. Il est donc nécessaire de mieux définir ces différents phénotypes cliniques afin d'améliorer la prise en charge de la maladie et de mettre en place le traitement adéquat pour chaque patient.
Vers une médecine personnalisée de la Dermatite Atopique
De nombreux autres produits biologiques et/ou petites molécules, qui interfèrent avec différentes cytokines et voies de signalisation, sont actuellement testés dans des essais de phase II et III, par exemple le Fezakinumab (anti-IL-22), l’Etokimab (anti-IL-33), le Nemolizumab (anti-IL-31Rα) et le Tezepelumab (anti-TSLP). D'autres produits biologiques ciblant les voies clés de la réponse immunitaire atopique, ainsi que différents inhibiteurs de la janus kinase (JAK) font partie des options thérapeutiques émergentes. Le Baricitinib a été le premier inhibiteur de JAK autorisé en France en 2021. L'Upadacitinib a été autorisé en août 2021 et l'Abrocitinib est autorisé depuis mars 2022 et d'autres inhibiteurs de JAK seront probablement disponibles dans les deux prochaines années dans cette indication en France.
Les enjeux de FRADEN
L'émergence simultanée de nombreux nouveaux médicaments topiques et systémiques pour le traitement de la DA dans les essais cliniques, et la perspective de certains médicaments systémiques autorisés même pour la DA de l'enfant dans un avenir proche, vont considérablement changer le domaine de la gestion de la DA. Les études futures permettront de mieux phénotyper les patients et d'identifier des biomarqueurs afin de stratifier la prise en charge des patients. Bien qu'il existe des preuves de l'efficacité à court terme de ces traitements, il y a un manque évident d'essais comparatifs face-à-face et un manque de données sur l'efficacité et la sécurité à long terme de ces traitements.